L’école
L’ECOLE
Partir 1 an avec 2 enfants signifie automatiquement emmener un peu l’école avec nous !
Les démarches sont assez rapides : un simple courrier de demande d’instruction en famille à l’académie (qui nous retourne un certificat à renvoyer à la CAF) et une enquête de la mairie pour détailler les raisons de la demande, voir si le projet est bien construit et si les conditions sont bonnes pour les apprentissages des enfants.
Ne reste plus qu’à choisir les bons manuels et de s’improviser maitre et maitresse…pas si simple ! Nous avons assez vite fait le choix de ne pas faire appel au CNED qui nous parait un peu trop contraignant pour notre type de voyage !
Heureusement les enseignantes de nos filles ainsi que l’orthophoniste de la plus petite nous ont renseignés sur le contenu des programmes et aidé dans le choix des supports à emporter.
Concrètement, l’école commence par l’apprentissage des tables de multiplications en marchant le matin pour Cléo et la préparation à la lecture pour Maïa dans Cagouille. Au début, nous étions plein d’énergie et d’enthousiasme à l’idée de devenir temporairement maitre et maitresse. On se prend au jeu et on définit donc des étapes pas trop grandes pour avoir le temps de faire 1 à 2 heures de devoir tous les après-midis avant les préparatifs du soir.
Mais après quelques semaines, on se rend vite compte que l’on ne va pas pouvoir tenir un tel rythme. D’une part parce que nous sommes en permanence en train d’apprendre (que ce soit sur la route, lorsqu’on rencontre et discute avec les gens, lorsqu’on visite…) et que les filles ont besoin aussi d’un temps pour se poser et jouer aux jeux de leur âges. D’autre part parce qu’apprendre en tête à tête pendant 2 heures est très intensif et que nos filles ont besoin d’intégrer les nouvelles notions. Alors on revoit un peu notre copie et on s’adapte !
On profite de chaque instant et de chaque visite pour découvrir et apprendre.
D’un point de vu mathématique, tout est lié de toute façon, les multiplications sont plus faciles à intégrer lorsqu’il s’agit de compter la quantité de Saint Nectaire que l’on peut faire avec la traite du matin, les correspondances plus évidentes lorsqu’il faut traduire l’heure d’arrivée en connaissant uniquement le nombre de kilomètre qui nous reste de notre point de chute, les nombres plus facile à intégrer lorsqu’il s’agit de compter le nombre de pommes que nous avons ramassé pour nos desserts…
Pour la lecture, c’est encore plus facile ! Cléo lit beaucoup dans Cagouille que ce soit pour elle ou pour raconter des histoires à sa sœur. Pas de télé, pas de tablette mais des boites à livres toutes plus belles les unes que les autres pour attiser l’envie de lire. A chaque fois c’est la même chose : on prend un livre uniquement si on peut en remettre un dans la boite à livres (Cagouille n’ayant pas un coffre extensible…), cela aide à dévorer les aventures… Pour Maïa, en plus d’avoir 3 profs particuliers (merci Cléo), la reconnaissance des lettres est plus facile lorsqu’on passe les panneaux de chaque village à la vitesse d’un escargot, et l’envie de lire plus présente lorsqu’elle dévore sa sœur des yeux quand cette dernière lit à haute voix…
Après il y a la géographie… Nous ne vous faisons pas de dessin mais regarder les cartes IGN 20 fois par jour, partir du point bleu pour arriver au point rouge sur nos GPS, tracer une route parmi les multitudes de chemins qui nous entourent, vivre quelques semaines dans un département puis changer les numéros et passer à son limitrophe, suivre les rivières et les fleuves quitte à se baigner dedans et faire « l’étoile d’Allier » (l’étoile de mer dans l’Allier) pour se rafraichir une après-midi de canicule… tout ça reste et ne s’apprend pas, ça se vit !
Et l’histoire ? Et bien entre Goth, la grand-mère de 94 ans qui nous invite dans son château de Dordogne, Ange le passionné qui construit son musée des outils anciens, la visite des grottes de Lascaux, des nombreuses églises qui rythment nos étapes, la recherche de « mini » Dolmen sur notre chemin, la descente dans l’antre de la terre avec le Gouffre de Padirac, la compréhension de la création de la chaine des volcans d’Auvergne avec la visite du Puy de Dôme et de Vulcania, l’histoire de l’aéropostale avec la visite du musée Latécoère de l’hydravion… nous avons l’impression que tout est histoire d’histoire…
Mais prendre le temps dans un environnement différent permet aussi de se concentrer sur les taches quotidiennes les plus fondamentales. Chaque jour, nous devons ensemble trouver un toit et installer nos matelas ou monter notre propre tente, aller chercher de l’eau et sortir notre petit réchaud pour faire à manger, jouer avec le temps pour ne pas s’habiller trop chaudement ou pas assez, interpeler les habitants pour demander notre chemin, un hébergement pour le soir, faire les courses car notre capacité de stockage est limitée….
Tout est histoire de débrouillardise, d’adaptation, d’échange, de confiance…