La remorque
CAGOUILLE: Sous-espèce d’escargot de la famille des Helicidae du genre Helix et de l’espèce Helix aspersa. Très répandu sur la façade atlantique française, il est devenu l’un des symboles des Charentais qui en sont les premiers producteurs français
Quoi de plus logique comme nom pour désigner la structure qui protégera nos filles, qui sera leur repère pendant un an et qui nous permettra de remonter la cote Atlantique avec la lenteur d’un marcheur….
Alors voilà, on vous présente CAGOUILLE, notre petite remorque ou « Tiny Trailer » pour les plus anglophones d’entre vous. Il nous aura fallu plus de 2 ans pour imaginer, concevoir et réaliser la structure, espérons qu’elle corresponde à ce que l’on à rêvé…
Vous trouverez ci dessous quelques étapes clés de la création de CAGOUILLE, de l’analyse de l’existant à l’émergence de concept, des designs les plus folkloriques à son identité définitive, bref du rêve à la concrétisation.
Choisir du matériel léger et peu volumineux pour un périple d’un an n’est pas forcément évident. Cagouille sera quand même chargée de 135kg de baguage qu’il faut ajouter au poids de la remorque elle-même. C’est donc environ 190kg qu’il faudra tirer lorsque les filles marcheront avec nous et 250Kg lorsqu’elles seront confortablement installées sur Cagouille.
Autant dire que tirer 250Kg peut s’avérer très vite compliqué, petit calcul à l’appui….
Dans le cas d’une petite promenade de santé sous le soleil, sur des chemins roulants et avec très peu de vent, la remorque va presque avancer toute seule…
Il faudra seulement développer 100W pour tirer Cagouille.
100W correspond à la puissance d’une bonne vieille ampoule à incandescence mais aussi à ce qu’il faut dépenser pour chauffer un peu notre corps… Personnellement, cela correspond chez moi à une sorte de seuil de transpiration.
Par contre, lorsque nous serons en montagne, nous allons devoir franchir des montés à plus de 12% et dans le pire des cas avec un vent de face à décorner les bœufs…
Les choses sérieuses vont alors commencer !
Il faudra développer une puissance de presque 1000W pour faire avancer Cagouille! Autant dire que nous ne pourrons même pas tenir 30 secondes à cette puissance. Sans assistance électrique, cela sera impossible d’avancer.
CDC de notre Cagouille à Assistance Electrique…
Voici la condition « sine qua none » pour pouvoir donc faire notre périple en France avec le confort que nous recherchons! En d’autres termes, un moteur nous poussera alors qu’on donnera l’impression de tirer la remorque…
Mais encore une fois, nous n’avons pas trouvé de catalogue de remorque électrique alors on est parti dans des délires avant de converger vers une solution plus réaliste avec un cahier des charge simple:
- Très silencieuse (pour ne pas perturber ni être perturbé)
- Vitesse maximale de 10Km/h (au cas ou on souhaite faire notre footing accroché à Cagouille)
- Couple supérieur à 50Nm (pour avoir suffisamment de patate pour passer les chemins rocailleux)
- Accélérations et décélérations douces
- Autonomie de 30kms en standard et 10kms en conditions extrêmes
- Motorisation peu encombrante (pour privilégier la place pour nos bagages)
- Commandes déportée au timon
- Ensemble fiable et résistant aux intempéries
- Avec un prix raisonnable
Roue Autonome
Moyeu Electrique
Moteur + Tranmission
Moteur Transaxial
On décide de réaliser un prototype en bois à l’échelle 1 pour se rendre compte des volumes et de la maniabilité.
Réalisation en OSB + équerres métalliques vissées c’est suffisamment solide sans être trop complexe à réaliser.
La structure est simplifiée pour pouvoir être assemblée facilement. L’important est de garder le volume extérieur le plus proche possible des dessins initiaux
La réalisation de la première structure prend quelques jours. On mesure, on découpe, on visse.
Cléo participe beaucoup et commence à se rendre compte que nous n’aurons ni cuisine, ni salon, ni chambre dans la remorque (malgré nos explications, elle continuait de dessiner des remorques ressemblant à des camping car, des caravanes, des mobilhome…)
Les découpent se font en plein mois d’hivers, petit avant gout de ce qui nous attend lorsqu’on sera toute la journée dehors…
- 1 journée pour découper la structure OSB
- 1 journée pour réaliser la « caisse » inférieure
- 1 journée pour réaliser la partie supérieure
Evidemment, CAGOUILLE ne déroge pas à la règle de la CAO. La première structure ne convient pas. Trop longue pour pouvoir être facilement maniable, trop large pour passer partout, trop haute pour garder un esprit cosy.
On démonte tout, on recoupe 40cm en longueur, 15cm en largeur, et 30cm en hauteur pour finalement arriver à des proportions qui nous conviennent
La CAO (Conception Assistée par Ordinateur) apporte bons nombres d’avantages dans le développement d’un produit. Par contre dans une démarche de développement de concept, elle dématérialise le produit et nous trompe parfois. Il est important alors de retrousser ses manches et sortir sa caisse à outil pour réaliser une maquette!
Il y a rien de mieux pour se rendre compte des volumes, sentir les courbes du produits, voir les prises de lumières, valider les assemblages…
…et Cagouille n’a pas échappée à cette étape de maquettage!
On sort les ciseaux, du carton, de la colle, du bois, du polystyrène, du tissus… bref tout ce qui nous passe sous la main et qui pourrait nous aider à avancer dans une construction en 3D.
On pensait pourvoir utiliser les Barbies de nos filles pour s’adapter à leur taille et créer nos maquettes autour mais après quelques calculs, nous avons été confronté à la dure réalité des stratégies marketing!
Barbie n’a pas d’échelle mais plusieurs échelles! Difficile alors de se rendre compte de la hauteur des tables quand les jambes sont 2 fois plus longues que la réalité… Il existe bien des poupées avec des proportions plus réalistes mais il n’existe pas de famille entière… Les mannequins bois de peintre sont un bon substitue mais nous avons finalement opté pour la flexibilité du prototypage rapide avec l’impression 3D.
On commence par modéliser et imprimer un marcheur articulé échelle 1:4. Cela deviendra notre référence d’échelle pour toutes mes maquettes suivantes.
Ensuite on attaque la grosse partie. L’imprimante tourne à plein régime, 24H sur 24 pour sortir les 12 pièces constituant la première remorque.
Après pas mal de recherche, de reflexion, on commence à savoir à peu près ce dont nous avons besoin. Si on devait faire un petit Cahier Des Charges, cela se résumerait ainsi:
- Contenir les affaires en les rendant accessible facilement
- Ne pas être un frein à l’avancement du périple
- Etre tractable par une personne seule
- Etre optimisée pour l’habitabilité et les rangements
- Pouvant accueillir 140Kg de bagages et 60Kg de passagers
- Créer une zone de protection et un repère pour les enfants
- Créer un lieu d’étude, de jeu, de repos pour les enfants
- Etre une continuité des lieux de vie (extérieur, tentes…)
- Embarquer les fonctions confort (eau chaude, frigo, chauffage…)
- Etre assistée électriquement pour ne pas être un fardeau
- Ne pas laisser le regard extérieur indifférent
- Moins haut qu’un homme pour garder une visibilité arrière directe
- Assez étroite pour passer sur les chemins (référence remorque de vélo)
- Assez grande pour contenir toutes nos affaires
- Assez spacieuse pour accueillir nos filles (position assise / couchée)
- Équilibrée pour ne pas dépasser 20Kg de charge sur les hanches
- Ne devant pas dépasser 300Kg (transports d’enfants compris)
ORIGAMI
Qui n’a pas rêvé un jour d’avoir une caravane suffisamment fine et peut encombrante pour être ranger dans le coffre de la voiture?
Il existe bien des concepts de tente origami (voir dans l’onglet inspiration) mais il n’existe pas encore de caravane sur ce principe. Alors, on dessine une structure se repliant sur elle même, prenant peut de place une fois plié mais permettant d’accueillir 2 couchages une fois dépliée.
Même si le concept semble séduisant, il sera vite abandonné principalement pour des questions de gestion de l’étanchéité. Les « charnières » allant être sollicité tous les jours, nous n’étions pas sur que nous arriverions à garder une structure intègre jusqu’au dernier jour.
SUSPENDU
Une remorque de randonnée qui cache 2 couchages double de part et d’autre d’une structure servant de rangement pour les affaires, voilà le principe de base.
La structure intègre les sommiers qui sont suspendus du sol pour isolé des aspérités et de l’humidité du terrain (bien connu des randonneurs et campeurs…). La protection supérieure se déplie et laisse apparaître un volume intérieur suffisamment grand pour pouvoir être à l’aise comme sous une tente dôme.
Le concept permet d’avoir 2 zones de couchage bien séparées mais impose d’avoir une structure pivotante d’au moins 2m de longueur sur 1.3m de largeur. Ces dimensions plutôt généreuses s’éloignent de l’image « cosy » et « tiny » de la remorque l’on imagine tracter.
PAPILLON
Et si on inversait les ouvertures latérales de façon à profiter de la totalité de la structure pour créer un toit en dure pour résister aux intempéries? La surface au sol peut être aussi plus importante que dans le concept suspendu et les parois textiles sont simplement tendues au sol sans aucune armature venant alourdir ou complexifier le mécanisme.
Ce principe offre toujours 2 espaces séparés, l’un pour les parents et l’autre pour les enfants avec la partie centrale de la remorque servant à la fois d’armoire de rangement, de table commune…
Ce concept restera longtemps en étude mais le fait de devoir concevoir nous même la partie textile extérieure et intérieure (pour les chambres) en garantissant une très bonne ventilation pour éviter la condensation nous a un peu refroidi. En plus, connecter et déconnecter la transmission mécanique aux roues tous les jour n’aurait surement pas aidé à garantir la fiabilité que nous recherchons pour ce voyage d’un an.
BULBE
Pourquoi ne pas profiter des ouvertures latérales pour ranger une toile servant de tente une fois dépliée. On ouvre une porte, on positionne 2 arceaux et le tour est joué! Deux espaces pour dormir avec un volume proche d’une tente dôme.
Par contre, caser 2 lits de 190x130cm n’est pas si évident et n’optimise pas du tout l’espace intérieur. L’ouverture du bulbe contraint fortement l’environnement et même s’il est généreux, il ne permet pas une organisation optimale.
Par ailleurs, c’est toujours le même problème que les autres concepts, créer une structure textile suffisamment fiable pour dormir au sec et ne pas condenser n’est pas si évident.
EXTENSIBLE
Concept simple et plus efficace que les précédents. Cette fois ci les lits sont positionné dans la largeur et la partie textile s’apparente à la réalisation d’une tente tunnel. La parois latérale rigide a besoin de quelques cordelette mis en tension pour pouvoir se maintenir debout mais sinon le restant de la structure parait assez simple.
Et la pour le coup, la simplicité ne fait pas l’éloge de la solution. La toile ne comporte pas de structure donc par temps pluvieux et/ou venté, elle risque de ne pas rester bien tendue. Cela impose une toile de chambre intérieure plus éloignée des parois pour garantir l’étanchéité et donc plus complexe au final.
De plus la surface au sol devient importante en longueur pour au final une habitabilité pas extraordinaire.
MICRO CARAVANE
Ce concept se concentre sur la partie roulante et n’intègre pas le couchage. La structure devient plus simple, plus efficace et sera complémentaire d’une bonne tente pour dormir. Cette remorque se focalise sur l’habitabilité pour nos filles et le portage de notre bardage.
La structure devient de plus en plus ouverte sur l’extérieure pour que nos filles puissent profiter du paysage et soient plus libre de descendre et monter au gré de leur envies. Les notions d’autonomie électriques commencent à apparaître avec l’ajout d’un panneau solaire sur la toiture. Le gabarit se fait aussi plus compact pour être plus maniable et passe partout.
Les grandes idées sont là mais le design n’exprime pas l’idée du voyage à pieds, il est trop proche d’une caravane pour avoir sa propre identité. On va donc retravailler le design mais en gardant la totalité des idées de ce concept.